Peu lu mais souvent copié : Le Livre du Thé d'Okakura Kakuzo | DemysTEAfication

21 décembre 2011

Peu lu mais souvent copié : Le Livre du Thé d'Okakura Kakuzo

Lors de quelques recherches préliminaires à propos d'un auteur chinois classique dont parle Okakura Kakuzo, j'ai constaté que de nombreuses pages de sites ou de blogs divers et variés cédaient à une nouvelle mode, la "citation libre", nouveau terme élégant à la mode pour parler de plagiat.

Le fameux Le livre du thé n'est pas en reste comme cible de plagiat, et l'on pourra facilement trouver des passages entiers de l'ouvrage à droite et à gauche sur la toile ... sans aucune indication de source de façon usuelle ou de version, au mieux ...

La version française de l'ouvrage présenté ici est une traduction de l'anglais par Gabriel Mourey. Le tout est publié depuis 1969 chez Dervy-Livres et a connu de multiples rééditions depuis cette date, sous de multiples couvertures ...

Ma version, quant à elle, est une édition de 1990 :

Okakura Kakuzo

( Nota Bene : la mention de collection " mystique et religions" n'est pas importante, puisqu'il ne s'agit que d'une mention commerciale, qui change suivant les éditions et les éditeurs )

Si la traduction de l'ouvrage par Gabriel Mourey ne convient pas, le même ouvrage a été publié aux éditions Philippe Picquier, avec une traduction, là, de Corinne Atlan.

Tout cela nous donne une foison d'éditions diverses sur une quarantaine d'années ... il est donc assez aisé de trouver cet ouvrage d'occasion chez les bouquinistes, qu'il soient du net ou pas, ou en neuf chez tous les libraires du plus petit au plus grand.

Pour plus d'authenticité, on pourra directement lire l'ouvrage en anglais, langue dans laquelle il a été écrit à l'origine par Okakura Kakuzo, auteur de la fin du XIXème siècle, dont le propos était de faire comprendre la culture de la civilisation japonaise.

L'ouvrage se compose de la façon suivante :

1 : La coupe de l'humanité

Il est ici question de la philosophie du thé, mais aussi de l'incompréhension persistante entre l'occident et l'orient, des usages incompris eux aussi, des clichés qui ont la vie dure et surtout longue. Il retrace aussi rapidement l'histoire du thé dans nos sociétés.

2 : Les écoles de thé

Ici, ce sont tout d'abord la succession historique des modes de préparation du thé qui sont présentées. Okakura Kakuzo, visiblement féru des classiques chinois parle principalement de l'ouvrage de Luwuh, le Chaking. Le contenu du Chaking est décortiqué par le menu, suivi des modes de consommation ultérieurs, jusqu'à la cérémonie du thé japonaise.

3 : Taoisme et zennisme

Inutile de développer plus avant, tout est dans le titre. L'auteur traite donc un peu plus avant des liens entre les bases de la philosophie orientale et le thé.

4 : La chambre de thé

Là encore, le titre est éloquent. Après un aperçu historique, c'est l'aspect esthétique de la chambre de thé ainsi que ses codes qui sont traités.

5 : Du sens de l'art

Réflexions philosophiques illustrées autour de ce qu'est l'art, ce qu'il représente, sur sa réception, ...

6 : Les fleurs

De l'application de l'art floral dans la cérémonie du thé plus quelques réflexions qui peuvent sembler quelque peu délirantes du point de vue occidental.

7 : Les maîtres de thé

Il s'agit plus ici d'une dernière dissertation, en guise de conclusion, sur l'influence du thé dans la société japonaise à divers degré et dans divers domaines.


Ce qui est largement plagié sur "la toile" est surtout le chapitre deux, qui constitue une sorte d'histoire du thé et une histoire de ses modes de préparation et sur les pré-requis nécessaires à la réalisation d'un bon thé. Le seul malheur, c'est que tout un chacun reprend également les "erreurs" de traduction, ou plutôt de retranscription du chinois à l'anglais. En effet, si vous désirez trouver un Luwuh ou un Lu Wuh, ou encore un Chaking ou un Cha King, je vous souhaite bon courage ...

... car Okakura Kakuzo parle de Lu Yu et de son ouvrage le Cha Jing, "Le classique du thé", premier ouvrage écrit sur ce vaste sujet, ou du moins premier ouvrage sur ce sujet qui soit parvenu jusqu'à nous.

Au final, je ne peux que vous en conseiller la lecture et, tout comme Okakura Kakuzo, "En attendant, dégustons une tasse de thé. La lumière de l'après-midi éclaire les bambous, les fontaines babillent délicieusement, le soupir des pins murmure dans notre bouilloire. Rêvons de l'éphémère et laissons-nous errer dans la belle folie des choses".

Aucun commentaire: